La scintigraphie pulmonaire est un double examen parfois prescrit par le médecin afin d'explorer le fonctionnement des poumons.
C'est un examen non invasif et indolore dont la principale indication est la recherche d'une embolie pulmonaire. Il se pratique dans un service de médecine nucléaire. Faisons le point ensemble.
Scintigraphie pulmonaire : qu'est-ce que c'est ?
La scintigraphie pulmonaire explore le fonctionnement des poumons en visualisant la répartition de l'air et du sang dans les poumons :
- Elle explore d'une part la perfusion, c'est-à-dire l'irrigation des vaisseaux artériels pulmonaires, et d'autre part la ventilation c'est-à-dire le passage de l'air dans les voies pulmonaires.
- Cela nécessite l'administration de traceurs faiblement radioactifs qui passent au niveau pulmonaire et émettent un rayonnement enregistré par un appareil appelé gamma-caméra .
- Elle détecte les embolies pulmonaires, caillot de sang ayant migré dans la circulation pulmonaire. Elle peut être réalisée au moment du diagnostic, mais aussi au décours afin d'évaluer l'efficacité du traitement. C'est l'examen non invasif le plus adapté à la détection de l'embolie pulmonaire.
- Elle est utile pour le bilan fonctionnel avant une opération pulmonaire (résection, transplantation) afin d'évaluer la participation de chaque poumon, et parfois, pour la recherche d'un corps étranger intra-bronchique chez l'enfant.
Bon à savoir : on peut toutefois éviter d'utiliser un test irradiant pour diagnostiquer une embolie pulmonaire en utilisant la règle PERC (pour Pulmonary Embolism Rule-Out Criteria). Elle se base sur 8 critères cliniques simples : patient âgé de plus de 50 ans, saturation artérielle en oxygène inférieure à 94 %, fréquence cardiaque supérieure à 100 bpm, œdème d'un membre inférieur, hémoptysie, traumatisme récent, antécédent d’embolie pulmonaire et traitement par œstrogènes.
Par ailleurs, la scintigraphie pulmonaire est aujourd'hui remplacée par l'angioscanner, lequel permet notamment de détecter des embolies pulmonaires de façon beaucoup plus précise. Dans le cadre du COVID-19, une étude française menée au CHU de Besançon a montré grâce à des examens par angioscanner que 23 % des patients atteints par ce coronavirus présentaient des difficultés respiratoires dues à une embolie pulmonaire sous forme de micro-thromboses.
Déroulement d'une scintigraphie pulmonaire
Le patient est allongé sur le dos. La gamma caméra tourne autour du patient et repère l'émission de rayonnements radioactifs :
- Pour la scintigraphie de ventilation, le patient respire pendant environ 15 minutes un aérosol faiblement radioactif marqué au Technétium,au Xénon, ou au Krypton. La caméra enregistre pendant ce temps une première série d'images.
- La scintigraphie de perfusion se fait dans un deuxième temps, après injection dans une veine du bras, de microsphères ou de macro-agrégats d'albumine humaine marqués au Technétium :
- L'albumine humaine est un médicament dérivé du sang qui répond à des normes obligatoires de sécurité et de qualité. La réglementation est très stricte afin de garantir une sécurité optimale vis à vis du risque de contamination par des maladies virales (VIH, hépatites B et C entre autres).
- Les particules se bloquent dans une partie des capillaires artériolaires de chacun des deux poumons permettant la réalisation d'une deuxième série d'images.
L'examen dure 30 à 40 minutes et nécessite une présence d'environ 2 heures dans le service. Il peut être couplé à un scanner. Le médecin compare les images en s'aidant parfois d'une radiographie pulmonaire.
Précautions particulières liées à la scintigraphie pulmonaire
Il n'existe pas de contre-indications absolues à la réalisation de cet examen, tout le monde peut le passer, à tout âge. Toutefois, l'examen est déconseillé :
- en cas de shunt droite-gauche (malformation cardiaque congénitale) ;
- en cas de grossesse et d'allaitement : mais il peut être réalisé en cas d'urgence en concertation entre le médecin prescripteur et le médecin nucléaire, avec la prise de certaines précautions.
Bon à savoir : l'allaitement doit être suspendu pendant les 24 à 48 heures suivant l'examen car le produit radioactif passe dans le lait. De même, il est conseillé d'éviter le contact avec les femmes enceintes et les jeunes enfants au décours de l'examen, le temps que le produit soit éliminé par l'organisme.
Aucune préparation n'est requise : pas besoin d'être à jeun ni de modifier son traitement habituel, pour certains patients asthmatiques, le médecin peut administrer un bronchodilatateur avant l'examen, il n'est pas non plus nécessaire de se déshabiller mais il faut retirer les objets métalliques (clés, bijoux) qui pourraient nuire à la qualité de l'image.
Le risque d'effets secondaires ou d'allergie est très faible :
- La dose de produit radioactif administrée est calculée en fonction de l'âge et du poids du patient.
- Les dommages causés par les rayonnements radioactifs se mesurent en Sievert (Sv), unité de radioprotection.
- La dose d'irradiation totale est faible (1,5 mSv). Il faut savoir que l'irradiation naturelle en France avoisine 2,4 mSv par an, variable selon les régions.
- La dose délivrée par une radiographie du thorax est d'environ 0,02 mSv ce qui équivaut à une irradiation naturelle d'environ 3 jours.
Après l'examen, il est conseillé de bien boire pendant 24 heures pour éliminer rapidement le produit radioactif. L'aérosol et le traceur sanguin sont éliminés par l'organisme au bout de quelques heures.
Bon à savoir : en cas de voyage en avion prévu après l'examen, il convient de le signaler au médecin afin qu'il délivre éventuellement un certificat à présenter lors du contrôle de sécurité.