La crise d'asthme aiguë grave (AAG) est une crise particulièrement importante avec un risque mortel. On parle d'attaque d'asthme.
Toutes les infos dans notre article.
Définition de la crise d'asthme aigu grave
L’asthme est une maladie de la muqueuse bronchique, la crise d’asthme est liée à la contraction brutale du muscle qui entoure les petites bronches.
Cette contraction écrase la bronche, ne laissant plus qu’un filet d’air qui passe en faisant un sifflement appelé par les médecins « sibilant ». La circulation de l'air et les échanges entre les poumons et le sang se font mal.
L'AAG doit être stoppé par la prise d'un traitement d'urgence. Il faut ensuite appeler les secours (15).
Bon à savoir : l'AAG peut être évité grâce à des mesures de prévention au quotidien.
Asthme aigu grave : ses causes
En France, le taux d'asthme aigu grave se stabilise, bien que son niveau reste élevé.
À noter : on estime à 100 000 le nombre d'hospitalisations pour un AAG et on déplore environ 900 décès par an, survenant la plupart du temps au domicile ou sur le chemin de l'hôpital.
Causes courantes
L'AAG peut être prévenu dans la majorité des cas. Il est consécutif à :
- une exacerbation d'un asthme chronique, le plus souvent la nuit ;
- une maladie virale, telle que les rhumes et bronchites hivernales ;
- un effort physique ;
ou il est déclenché de façon inattendue par :
- une allergie – allergène alimentaire ou allergène aéroporté (pollens, poils d'animaux, poussière, etc.) ;
- en présence d'un irritant ou d'un toxique dans l'air (pollution, solvants) ;
- à la suite d'un état de stress intense, comme un choc psychologique ou une angoisse nocturne.
Sa survenue est progressive ou brutale. Elle impose un traitement d'urgence suivi d'une hospitalisation immédiate.
Bon à savoir : un suivi spécialisé par un pneumologue en lien avec le médecin traitant et des séances d'éducation thérapeutique sont un plus.
Quels sont les facteurs de risques ?
Un AAG est rarement le fait d'une seule cause, d'un seul élément déclenchant. Il s'agit le plus souvent de différents facteurs en amont qui préparent le terrain de la crise. Ces risques sont :
- Les risques comportementaux :
- le manque de régularité dans la prise du traitement de fond (mauvaise observance),
- un patient jeune, psychologiquement instable,
- le tabagisme,
- des conditions socio-économiques défavorables,
- la précarité,
- la profession : les boulangers, les coiffeurs et les personnes travaillant avec leur véhicule (taxis, ambulanciers, hommes travaillant dans les manèges forains et les parcs d’attractions et femmes monitrices de conduite) étant plus à risque.
- Les risques liés à la maladie asthmatique :
- une grande variation de débit expiratoire de pointe entre le matin et le soir,
- de fréquentes hospitalisations aux urgences pour crises répétitives.
- Les risques liés à d'autres maladies :
- une intolérance à l'aspirine ou aux médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS),
- une maladie cardiaque associée.
Traitement d'une crise d'asthme aigu grave
L'AAG nécessite un traitement d'urgence avec le salbutamol ou l'adrénaline.
Le salbutamol
Il s'agit d'un médicament d'action rapide, bronchodilatateur, qui va dilater les petites bronches, permettant à l'air de circuler. Ce médicament a changé la vie de bien des asthmatiques depuis 1969, année où il est mis au point par Sir David Jack.
Bon à savoir : on appelle le salbutamol le médicament « bleu », car son code couleur est ainsi choisi par tous les laboratoires pharmaceutiques développant cette molécule. Le plus connu est la Ventoline®.
Le salbutamol existe :
- en aérosol gazeux, nécessitant une coordination main/poumon (vider les poumons, appuyer et inspirer en même temps) ;
- en aérosol de poudre, sans coordination (enclencher un mécanisme, vider les poumons, inspirer) ;
- en nébulisation (administré à l'hôpital).
L'adrénaline
Il s'agit d'une solution qu'on injecte dans le muscle de la cuisse. Présentée sous forme de stylo auto-déclenchant (Epipen®). À l'hôpital, on l'injecte par voie intraveineuse.
À noter : il n'y a pas de consensus sur son utilisation par rapport au salbutamol.
Il faut toujours avoir son traitement d'urgence sur soi et savoir s'en servir.
Lors de l'hospitalisation, d'autres traitements sont ajoutés, comme l'oxygénothérapie.
L'oxygénothérapie
Elle s'impose le plus rapidement possible, c'est pourquoi il ne faut pas hésiter à se rendre aux urgences ou appeler les secours (15).
Bon à savoir : à la campagne, il vaut mieux appeler les pompiers (18), qui disposent d'une valise d'oxygénothérapie dans leur véhicule.
Crise d'asthme aigu grave : clés pour la reconnaître
La crise commence par une sensation subite ou progressive de manque d'air. L'impression d'avoir le poumon dans un étau. Ou la tête dans un aquarium.
Cela est dû aux petites bronches (1,5 mm de diamètre) obstruées
- Une toux sèche et persistante s'installe, sans possibilité de reprendre une goulée d'air.
- On entend des sifflements dans la cage thoracique (sibilants).
- Faire une phrase devient difficile, les lèvres et les ongles bleuissent (manque d'oxygène), le corps devient atone (sans réflexe).
- Le mouvement respiratoire n'est plus perceptible, on perd conscience de l'environnement, sans pouvoir interagir avec lui.
Bon à savoir : il existe une forme particulière de l'AAG, l'asthme suraigu. Il s'agit d'une crise inhabituelle avec une asphyxie explosive pouvant conduire au décès en moins d'une heure.
Comment réagir face à une crise d'asthme aigu grave ?
Pendant la crise
La gestion d'une attaque d'asthme est abordée en éducation thérapeutique ou durant les séances de l'école de l'asthme.
Ces programmes nationaux sont destinés aux personnes qui sont suivies pour leur asthme chronique ou en risque d'asthme brutal. Les parents peuvent aussi participer afin d'aider leur enfant.
Bon à savoir : l’Association Asthme & Allergies met gratuitement à disposition la carte « Crise d’asthme-Agir » conçue pour rappeler aux patients asthmatiques les mesures à prendre en cas d’urgence et les règles à suivre. Cette carte peut s’obtenir en appelant l’association au 0 800 19 20 21 (appel gratuit) ou être téléchargée en suivant ce lien.
Au moment de la crise :
- signaler à son entourage qu'on est en difficulté respiratoire sans attendre et leur demander d'appeler les secours (15) ;
- sortir du lieu ou s'est déclenchée la crise (car ce peut être à cause d'un allergène) ;
- se munir de son bronchodilatateur et s'asseoir dans un endroit calme, adossé à un mur ou une chaise puis :
- prendre 2 bouffées simultanées, recommencer 4 fois en une minute,
- travailler son calme intérieur en se concentrant sur des images positives,
- recommencer 3 fois ces deux actions durant la première heure (24 bouffées),
- s'administrer l'adrénaline si on en possède ;
Bon à savoir : en utilisant une chambre d'inhalation qui couvre le nez et la bouche, on permet une meilleure absorption du salbutamol. Ce dispositif médical est indispensable pour l'enfant et la personne âgée.
- se rendre soi-même aux urgences. Toutefois, s'il est impossible de s'exprimer (critère de gravité extrême), il faut faire appeler le 15, et ne pas tenter de venir par ses propres moyens (risque de décès pendant le transport).
En cas d'exacerbation, la corticothérapie générale (par voie orale) garde sa place, mais il n’est pas nécessaire de dépasser 0.5 mg/kg/j, voire 1 mg/kg/j. Des doses supérieures n’ont pas fait preuve de leur efficacité mais s’accompagnent de plus d’effets secondaires.
Important : une femme enceinte victime d'un AAG doit être mise sous oxygénothérapie le plus vite possible.
Après la crise
Une crise d'asthme aiguë grave est une alerte à prendre au sérieux. Elle signifie que quelque chose en amont mérite d'être mieux géré.
Bon à savoir : refaire un bilan des facteurs de risque et adopter une conduite plus en harmonie avec son état de santé est alors la meilleure décision pour poursuivre une vie paisible avec un asthme équilibré.