Dans le diagnostic et le suivi de l'asthme, les épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) sont capitales pour évaluer la fonction respiratoire du patient. La spirométrie est l'épreuve fonctionnelle respiratoire la plus fréquemment utilisée chez le sujet asthmatique.
Elle permet de mesurer les volumes et les débits d'air au cours de l'expiration. Chez le sujet asthmatique, la spirométrie est pratiquée pour :
- établir le diagnostic de l'asthme ;
- évaluer l'efficacité des traitements mis en place ;
- suivre l'évolution de la maladie asthmatique.
Voyons ensemble les différents tests de spirométrie et les précautions nécessaires à prendre.
Spirométrie : dans quels cas ?
La spirométrie fait partie des épreuves fonctionnelles respiratoires. Elle mesure la quantité d'air expirée par les poumons et la vitesse à laquelle cet air est expiré.
Cet examen est prescrit en routine dans différents contextes :
- chez les personnes fumeuses, âgées de 45 ans ou plus ;
- chez les sujets présentant une toux chronique (dépistage d'une bronchite chronique) ;
- chez les personnes souffrant de symptômes respiratoires (détermination de l'origine des symptômes) ;
- chez les sujets asthmatiques.
Dans le cas de l'asthme, la spirométrie est un examen essentiel dans diverses situations :
- La spirométrie est un test de première intention permet de confirmer le diagnostic de l'asthme chez une personne présentant des symptômes caractéristiques de l'asthme. La spirométrie révèle alors un trouble obstructif réversible. Attention toutefois, une spirométrie normale n’exclut pas le diagnostic.
- L'efficacité du traitement contre l'asthme est évaluée par la spirométrie.
- L'évolution de la maladie asthmatique est surveillée au moins une fois par an par des tests de spirométrie pour prévenir l'aggravation de la maladie.
De nombreux médecins traitants n'ont pas accès à la spirométrie. Ils peuvent dans ce cas faire une épreuve de réversibilité (test de l'efficacité des bronchodilatateurs) sur un débit expiratoire de pointe. On traite alors le patient sur un diagnostic probabiliste et idéalement, le patient passe une spirométrie dans les trois mois pour confirmer le diagnostic.
Spirométrie : comment s'y préparer ?
Les tests de spirométrie sont prescrits par le médecin, par le pneumologue ou par l'allergologue. Ces examens sont réalisés :
- dans le cabinet du médecin ;
- dans un service hospitalier spécialisé ;
- dans un laboratoire d'explorations fonctionnelles.
Quelques précautions doivent être prises avant la réalisation des tests de spirométrie :
- Il ne faut pas fumer dans l'heure qui précède le test.
- Il ne faut pas boire d'alcool dans les 4 heures qui précèdent le test.
- Il ne faut pas manger de repas lourd dans les 2 heures qui précèdent le test.
- Il ne faut pas effectuer d'exercice physique intense dans la demi-heure précédant le test.
- Il ne faut pas prendre de médicaments inhalés dans les 4 à 6 heures qui précèdent le test.
- Il est conseillé de porter des vêtements amples pour faciliter la respiration.
Bon à savoir : les tests de spirométrie sont pris en charge à 100 % par l'assurance maladie dans le cadre des pathologies respiratoires reconnues comme des affections longue durée (ALD).
Différents tests de spirométrie
La spirométrie regroupe un ensemble de tests, tous indolores, réalisés en fonction de la demande spécifique du médecin :
- la capacité vitale forcée ;
- le test de réversibilité ;
- le test de provocation ;
- la ventilation maximale par minute ;
- la capacité vitale lente.
Capacité vitale forcée (CVF)
La capacité vitale forcée (notée généralement CVF) est le principal test de spirométrie. Ce test dure une dizaine de minutes.
Le patient doit respirer uniquement par la bouche, un pince-nez lui est proposé pour l'aider à ne pas respirer par le nez. Le patient respire dans un embout buccal relié à un appareil appelé un spiromètre qui enregistre les volumes et les débits d'air au travers de l'embout buccal.
L'examen se déroule de la manière suivante :
- Le sujet respire normalement pendant quelques minutes.
- Le sujet inspire lentement et le plus profondément possible.
- Le sujet expire le plus rapidement et le plus intensément possible (expiration forcée sur au moins 6 secondes).
- Cet exercice est répété 3 fois.
Les résultats obtenus pour le patient sont comparés à des valeurs théoriques qui seraient celles obtenues chez une personne en bonne santé, de même race, de même sexe, de même taille, de même poids et de même âge. Des valeurs inférieures à la limite basse de la normale ou à 80 % de la valeur prédite peuvent être considérées comme soutenant le diagnostic d’asthme.
À noter : le test de CVF peut être difficile à réaliser correctement par certains enfants.
Test de réversibilité
Lorsque la capacité vitale forcée a mis en évidence un trouble respiratoire, un test de réversibilité est réalisé. Ce test consiste à refaire le test de capacité vitale forcée après la prise de médicaments inhalés (400 µg de salbutamol) pour mettre en évidence une amélioration de la fonction respiratoire grâce aux médicaments.
Le test de réversibilité aux bronchodilatateurs est généralement pratiqué pour mesurer l'effet immédiat d'un bronchodilatateur sur la fonction respiratoire :
- Un test de capacité vitale forcée initial est réalisé.
- Le patient inhale un bronchodilatateur d'action rapide (type Ventoline).
- Un test de capacité vitale forcée est à nouveau pratiqué 10 à 15 minutes plus tard.
- Les résultats des deux tests sont comparés.
Le test de réversibilité aux corticoïdes peut également être indiqué pour évaluer l'efficacité à moyen terme d'un traitement :
- Un test de capacité vitale forcée initial est effectué.
- Le patient prend un traitement de corticoïdes par voie orale ou par inhalation pendant 15 jours.
- Un nouveau test de capacité vitale forcée est réalisé à la fin du traitement.
- Les résultats des deux tests sont comparés.
Spirométrie : test de provocation
L'hyper-réactivité bronchique est l'une des caractéristiques principales de l'asthme. Elle peut être mise en évidence par un test spécifique, le test de provocation directe.
- Le patient inhale des concentrations progressivement croissantes d'une molécule (le plus souvent la métacholine – dérivé de l'acétylcholine – plus rarement l'histamine).
- Après chaque dose de la molécule, un test de capacité vitale forcée est effectué.
- Si le test démontre une hyper-réactivité, un test de réversibilité est réalisé.
En pratique, ce test est rarement pratiqué chez les sujets asthmatiques, car il nécessite des précautions et présente de nombreuses contre-indications. Il reste recommandé lorsque le diagnostic n'a pas pu être confirmé par les tests de première intention.
Le test de provocation indirecte par exercice (tapis roulant, vélo) est recommandé pour l’investigation d’enfants suspectés d’asthme et présentant des symptômes liés à l'exercice, lorsque le diagnostic n'a pas pu être confirmé par les tests de première intention.
Autres tests de spirométrie
Il existe d'autres tests de spirométrie, mais ces tests sont beaucoup moins fréquents que les tests évoqués précédemment :
- La ventilation maximale par minute : c'est un test rarement prescrit car il est très fatigant voire dangereux pour les patients dont la fonction respiratoire est très diminuée. Le patient doit alterner pendant 12 secondes des inspirations et des expirations profondes. Ce test est parfois utilisé chez les athlètes de haut niveau.
- La capacité vitale lente : c'est un test proche de la capacité vitale forcée, mais dans ce cas, le patient inspire et expire très lentement le maximum d'air possible. La comparaison de la capacité vitale lente et de la capacité vitale forcée peut fournir des informations complémentaires au médecin dans certains contextes particuliers. Ce test n'est généralement pas pratiqué chez le sujet asthmatique.
Interprétation des résultats de la spirométrie
Le spiromètre mesure les volumes et les débits d'air inspiré et expiré au travers de l'embout buccal. Les résultats obtenus pour le patient sont comparés à des valeurs théoriques qui seraient celles obtenues chez une personne en bonne santé, de même race, de même sexe, de même taille, de même poids et de même âge.
Le spiromètre fournit deux courbes (la courbe débit-volume et la courbe volume-temps), à partir desquelles une vingtaine de paramètres sont calculés. Les paramètres les plus importants sont :
- La capacité vitale forcée (CVF) correspondang au volume total d'air que le patient a expiré.
- VEM1, la quantité maximale d'air expiré au cours de la première seconde. Ce paramètre est diminué chez le sujet asthmatique.
- VEMS, le volume expiratoire maximal après 1 seconde.
- L'indice de Tiffeneau est le rapport [VEMS/CVF] exprimé en %. Chez le sujet en bonne santé, cet indice est d'environ 80 %, alors que chez le sujet asthmatique, il est inférieur à 70 %.
- Le débit expiratoire de pointe (DEP) : c'est le débit d'air maximal obtenu au cours du test.
Chez le sujet asthmatique, la spirométrie met en évidence une capacité d'expiration réduite, mais cette capacité est améliorée grâce aux traitements. Cette amélioration est évaluée grâce aux tests de réversibilité :
- Le test de réversibilité aux bronchodilatateurs est positif quand VEMS augmente de 15 % par rapport à la valeur initiale (ou de 200 ml en valeur absolue) ou quand DEP augmente de 12 %.
- Le test de réversibilité aux corticoïdes est positif quand VEMS augmente de 15 % par rapport à la valeur initiale.
Bon à savoir : en fonction des résultats des tests de spirométrie et de l'état de santé du sujet, le médecin pourra éventuellement prescrire d'autres épreuves fonctionnelles respiratoires ou d'autres examens complémentaires.