On distingue trois états pour l'asthme : la crise d'asthme, l'asthme chronique et l'asthme sévère. L'asthme sévère est assez rare, mais il est responsable de crises graves et d'un handicap important dans la vie quotidienne.
Définition et fréquence de l'asthme sévère
En France, environ 5 à 10 % des personnes asthmatiques sont atteintes d'asthme sévère, soit environ 60 000 personnes (6 % des adultes et 10 % des enfants de moins de 10 ans).
La notion d'asthme sévère est assez subjective, mais elle fait référence à un asthme difficile à traiter qui altère profondément la qualité de vie des personnes atteintes. Il existe plusieurs critères médicaux permettant de définir l'asthme sévère :
- symptômes permanents (avec des réveils nocturnes au moins une fois par semaine) malgré un traitement optimal ;
- exacerbations fréquentes, crises d'asthme quasi mortelles, hospitalisations et séjours fréquents aux urgences ;
- fonction pulmonaire très altérée, c'est-à-dire capacité respiratoire dégradée en permanence et obstruction des bronches peu réversibles ;
- personnes traitées par de fortes doses de corticoïdes inhalées ou par des corticoïdes oraux (toutefois dans les formes les plus graves - asthme de niveau 5 - on ne privilégiera plus le traitement de fond par corticoïdes oraux en raison de ses effets secondaires).
Bon à savoir : depuis le 1er janvier 2022, une personne qui se rend aux urgences sans être hospitalisée doit régler un « forfait patient urgences (FPU) » d’un montant de 19,61 € qui peut être pris en charge par la mutuelle (ou complémentaire santé).
Cet asthme est une affection grave et potentiellement mortelle
L'asthme sévère est associé à un absentéisme important, à de nombreuses journées d'arrêt de travail, à une altération profonde de la vie socioprofessionnelle.
Il est responsable de la plupart des hospitalisations et des décès liés à l'asthme, entraînant des crises d'asthme aigu grave.
Les personnes atteintes d'asthme sévère doivent être suivies par un pneumologue pour bénéficier du meilleur traitement possible. Cela est d'autant plus important que les enfants qui souffrent de cette forme d’asthme ont un risque 32 fois supérieur de développer une BPCO à l'âge adulte (le risque étant encore plus important en cas de tabagisme).
Traitement contre l'asthme sévère : une nécessité
L'asthme sévère est particulièrement difficile à traiter, mais il arrive aussi souvent que les personnes souffrant d'asthme sévère ne suivent pas bien leur traitement (80 % d'entre eux). Or, pour venir à bout de ce type d'asthme et maîtriser les symptômes, il est indispensable de bien suivre son traitement, tous les jours, en pratiquant les bons gestes d'inhalation.
Bien que l'asthme sévère soit résistant à la plupart des traitements, un médicament pourrait se révéler particulièrement efficace : le Fevipiprant (développé par le groupe suisse Novartis). Ce nouveau traitement permettrait de diminuer considérablement l'inflammation des voies respiratoires.
Article
Médicaments biologiques utilisés pour traiter l'asthme sévère
Trois médicaments biologiques ont été évalués par la HAS (Haute autorité de santé) et sont efficaces dans la prise en charge de l’asthme sévère. Il s’agit de 3 anticorps monoclonaux : Xolair® (omalizumab), Nucala® (mépolizumab) et Cinqaero® (reslizumab, ce dernier ayant une action équivalente au benralizumab contre l'asthme éosinophilique sévère).
La HAS indique que ces trois médicaments :
- n’ont pas vocation à traiter les crises d'asthme aiguës ;
- ne peuvent être utilisés qu’en cas d'asthme mal contrôlé malgré un traitement de fond bien mené (incluant au minimum un corticoïde à forte dose et un bronchodilatateur de type agoniste béta-2 de longue durée d’action) et après une évaluation spécialisée ;
- sont exclusivement réservés au traitement de fond de deux formes particulières d’asthme sévère :
- chez les adultes, les adolescents et les enfants âgés de 6 ans et plus ayant un asthme sévère à éosinophiles (présentant un taux sanguin de globules blancs éosinophiles élevé : ≥ 400/μL pour Cinqaero® ou ≥ 300/μL pour Nucala®) ;
- chez les adultes, adolescents et enfants ayant un asthme sévère allergique et dont la dépendance aux immunoglobulines E a été établie pour le Xolair® (il ne doit être utilisé chez les femmes enceintes qu’en cas de nécessité absolue).
Ces médicaments sont donc des traitements de fond qui s'administrent en continu et qui font l’objet d’une prescription initiale à l’hôpital, suivie d’une réévaluation médicale régulière.
- Cinqaero® est administré en perfusion (intraveineuse) ;
- Nucala® par voie sous-cutanée toutes les 4 semaines, par un professionnel de santé (1 027,37 € le flacon de 100 mg de poudre pour solution injectable, remboursable à 65 % par l’Assurance maladie) ;
- Xolair® par injections sous-cutanées toutes les 2 à 4 semaines.
Le renouvellement de la prescription est effectué par des spécialistes en pneumologie.
Signalons également une étude parue dans The New England Journal of Medicine (21 mai 2018) qui souligne l'intérêt du dupilumab (un anticorps monoclonal qui bloque l’action des interleukines IL-4 et IL-13). Cette molécule initialement utilisée pour lutter contre la dermatite atopique a obtenu une AMM européenne dans l'asthme de type 2 sévère, car il permet de réduire les crises de moitié. Il est destiné uniquement aux adultes et il s’administre par voie injectable sous-cutanée (300 mg).
Bon à savoir : une analyse de phase 3 montre que, dans le cadre de la polypose naso-sinusienne, le dupilumab en association à une corticothérapie locale permet de diminuer d’un tiers la taille des polypes et d’améliorer significativement l’odorat des malades (source : Congrès digital de la Société française d’ORL – 10 et 11 octobre 2020 – d’après la communication de Joaquim Mullol, et al. Université de Barcelone, Espagne).