L'exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) permet l'évaluation du bon fonctionnement des poumons. Quand a-t-on recours à cet examen, comment se passe-t-il et quel diagnostic permet-il de poser ?
Toutes les réponses dans notre article.
Déroulement d'une EFR
L'EFR comprend différents examens, le plus couramment pratiqué étant la spirométrie.
Spirométrie
La spirométrie consiste à souffler dans un embout relié à un appareil qui mesure les volumes d'air inspiré et expiré en fonction d'exercices demandés. Les mesures d'intérêt sont les suivantes :
- Le Volume Expiratoire Maximal Seconde (VEMS) : il désigne le volume maximal qu'une personne peut expirer en 1 seconde après une profonde inspiration. Il est variable en fonction de la corpulence (environ 3 litres chez le sujet normal).
- La Capacité Vitale Forcée (CVF) : elle correspond à l'amplitude respiratoire maximale (inspiration et expiration maximales). Elle est également variable en fonction de la corpulence (autour de 3 litres chez la femme et 5 litres chez l'homme pour un sujet normal).
Bon à savoir : on réalise parfois la spirométrie couplée à la prise d'un traitement (bronchodilatateurs).
- Le rapport VEMS/CVF peut être utile au diagnostic, au suivi et au pronostic d'une pathologie respiratoire.
- Le Débit Expiratoire de Pointe (DEP), moins précis que le VEMS, car mesuré à l'aide d'un débitmètre manuel, mesure le volume d'air maximal expiré en une expiration forcée. Il est utilisé au cabinet du médecin généraliste ou du pneumologue.
Autres examens de l'EFR
Dans certains cas précis, l'EFR peut comprendre d'autres examens que la spirométrie :
- La gazométrie artérielle correspond à une prise de sang dans une artère. Elle permet d'évaluer la qualité des échanges gazeux. Elle est pratiquée à l'hôpital, le plus souvent dans un contexte d'urgence.
Bon à savoir : c'est au niveau des poumons que le sang se charge en oxygène et rejette son dioxyde de carbone. Ces échanges gazeux permettent ensuite au sang de fournir de l'oxygène aux organes.
- L'oxymétrie (mesure de la saturation en oxygène du sang en pourcentage par port d'un saturomètre), après un test de marche par exemple, est souvent pratiquée pour les personnes insuffisantes respiratoires chroniques. Elle peut permettre de savoir si la personne a besoin d'oxygène dans sa vie quotidienne.
Bon à savoir : le saturomètre est la petite pince que l'on porte au bout du doigt à l'hôpital lorsque cela est nécessaire.
- La polysomnographie, ou étude de la respiration la nuit, est destinée aux personnes faisant des pauses respiratoires nocturnes. Cet examen est effectué au cours d'une hospitalisation.
EFR : pathologies fréquemment diagnostiquées
Les différents examens de l'EFR apportent des informations sur de nombreuses pathologies de l'appareil respiratoire, dont les plus fréquentes sont la bronchopneumopathie chronique obstructive et l'asthme.
Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
La BPCO touche 6 à 8 % de la population française (3 millions de personnes). Elle est l'apanage des fumeurs et est estimée à 7,5 % dans une population de plus de 45 ans, l’incidence semblant se stabiliser chez l’homme et augmenter chez la femme. En 2014, 81 600 personnes étaient en affection de longue durée (ALD) pour bronchite chronique sans précision.
Sa description :
- Il s'agit d'un trouble ventilatoire obstructif : les bronches, qui constituent les conduits pulmonaires, voient leur diamètre diminué progressivement sous l'effet de certains toxiques (essentiellement le tabac). La BPCO débute par une inflammation des voies aériennes et des alvéoles pulmonaires entraînant une perte de l’élasticité et une augmentation des résistances des voies aériennes, qui limitent les flux d’air dans les poumons.
- La spirométrie d'une BPCO est la suivante : VEMS/CVF < 70 %. On définit ensuite 4 stades de gravité de BPCO, de 1 à 4 en fonction de la valeur du VEMS seul.
- Les symptômes d'une BPCO sont :
- toux avec crachats quotidiens, au moins 3 mois par an au cours d'au moins 2 années consécutives,
- essoufflement,
- tendance aux exacerbations de BPCO, c'est à dire aux infections pulmonaires.
- Le traitement de la BPCO repose sur différentes mesures :
- le sevrage tabagique (améliore la survie et les symptômes),
- le traitement par bronchodilatateurs comme Bricanyl®, Atrovent®, Spiriva®
- le traitement par corticostéroïdes associés à des bronchodilatateurs : Symbicort®, Seretide®,
- l’oxygénothérapie en continu en cas d’insuffisance respiratoire (améliore la survie),
- la vaccination anti-grippale annuelle (Vaxigrip®) et la vaccination anti-pneumococcique (Pneumo23®) tous les 5 ans,
- un ré-entraînement à l'effort plus ou moins prononcé, associée à de la kinésithérapie respiratoire : exercices physiques, rééducation thérapeutique et adaptation du régime alimentaire.
Concrètement :
- l'activité physique légère à modérée (marcher, monter les escaliers...) doit être quotidienne ;
- l'activité d'endurance (20 à 60 minutes d'intensité modérée à élevée) type vélo d'appartement ou marche nordique doit avoir lieu 3 à 5 fois par semaine ;
- l'activité en renforcement musculaire d'intensité modérée 2 à 3 fois par semaine :
- 2 à 4 séries de 8 à 12 répétitions pour la force musculaire (activités sportives statiques),
- 2 séries de 15 à 20 répétitions de poids, bandes élastiques, appareillages, etc. pour développer l’endurance musculaire ;
- assouplissements au moins 3 jours par semaine (étirement statique de 10 à 30 secondes avec 2 à 4 répétitions pour chaque exercice).
Attention : une exacerbation sévère de BPCO avec insuffisance respiratoire aiguë est une urgence médicale.
Asthme
L'asthme est une inflammation chronique des voies aériennes. C'est une pathologie de l'adulte et de l'enfant, qui touche 5 à 7 % des Français. Il existe une part génétique à l'asthme.
Ses caractéristiques :
- Sous l'effet de certains facteurs essentiellement environnementaux (allergies, pollution...), une inflammation s'installe au niveau des bronches, gênant l'expiration.
- La crise d'asthme est une manifestation aiguë de l'asthme. Les bronches inflammées se ferment brutalement, empêchant le sujet d'expirer l'air contenu dans ses poumons (spasme bronchique). Elles se rouvrent progressivement, spontanément ou avec l'aide d'un traitement.
- Tout comme la BPCO, il s'agit d'un trouble ventilatoire obstructif, mais il est dit réversible car la fonction pulmonaire s'améliore en dehors des crises.
- La spirométrie d'un asthme est définie en fonction du rapport VEMS/CV < 70 % et en fonction de sa réversibilité : amélioration des valeurs après inhalation de bronchodilatateurs : VEMS/CV > 70% et VEMS amélioré ou normalisé.
- On définit également 4 stades de gravité de l'asthme en fonction des symptômes et du DEP.
Bon à savoir : le Débit Expiratoire de Pointe (DEP), moins précis que le VEMS car mesuré à l'aide d'un débitmètre manuel, mesure le volume d'air maximal expiré en une expiration forcée. Il est utilisé au cabinet du médecin généraliste ou du pneumologue.
- Les symptômes de l'asthme sont des épisodes récidivants associant à l'effort, la nuit et/ou au petit matin : essoufflement, toux, sifflements et en cas de crise grave : détresse respiratoire aiguë.
- Le traitement de l'asthme repose sur différentes mesures :
- identification et éviction des facteurs déclenchant les crises (tabac, irritants, allergènes, reflux gastro-œsophagien, certains médicaments),
- comme pour la BPCO, traitement par bronchodilatateurs, anti-inflammatoires bronchiques et corticostéroïdes (le traitement de fond par corticoïdes oraux n’est plus privilégié en raison de ses effets secondaires),
- en crise, le bronchodilatateur par excellence est la Ventoline®, qu'un asthmatique doit toujours avoir sur lui,
- en cas de crise grave, recours à l'oxygénothérapie, au masque (ventilation non invasive), aux corticoïdes intraveineux et aux thérapies non médicamenteuses de gestion du stress,
- chez les patients atteints d'asthme sévère de type 2 et présentant de fréquentes exacerbations malgré un traitement à forte dose par corticoïdes inhalés et par bêta-2-mimétiques à longue durée d'action, le traitement de fond repose sur des biothérapies : omalizumab (anti-Ig E) dans l'asthme allergique sévère, mépolizumab, reslizumab et benralizumab (anti-IL5 ou récepteurs d’IL5) dans l'asthme éosinophilique sévère et dupilumab (anti-récepteurs d’IL4) dans l'asthme sévère de type 2.
- L'asthme nécessite un suivi régulier par un spécialiste pneumologue.
Pour en savoir plus :
- Une toux rauque ressemblant aux aboiements d'un petit chien témoigne dans la plupart des cas d'une inflammation du larynx : c'est une toux de laryngite.
- Comme de nombreuses autres maladies des poumons, la pneumonie (ou infection pulmonaire), correspond à une infection de ces organes.
- Il existe de nombreux traitements contre l'asthme, dont le choix dépend de la sévérité des symptômes, de la fréquence des crises, et de l'âge.